Une femme entrepreneure, patronne ou manager n’est ni un héros ni un être fondamentalement différent de son pendant masculin. Non, pas du tout ! La plupart de celles que nous rencontrons tiennent à cet aspect des choses et à cette égalité des genres. À ceci près, tout de même, que la société n’a pas changé partout et que les choix ou situations personnelles sont tous différents. Vous les connaissez, nous avons toutefois voulu mettre le projecteur sur leur vie, leur motivation… pour montrer aux jeunes et moins jeunes qui nous lisent que les parcours des unes peuvent inspirer des vocations, ouvrir des fenêtres de diversification, voire offrir de belles découvertes. Nous avons sollicité quelques entrepreneures de la province de Luxembourg, histoire de saluer, de conforter, de présenter de chouettes parcours et de montrer que l’entrepreneuriat au féminin existe et mérite d’être mis en avant.

Quand je serai grande, je serai…

Quand on interroge nos témoins sur leurs rêves de petite fille, on se dit d’emblée qu’il n’y a pas de hasard. Si les unes voulaient déjà devenir médecin ou scientifique et les autres surfaient sur leur côté créatif, toutes rêvaient d’indépendance ou en tout cas d’entreprendre d’une manière ou d’une autre. Stéphanie Bosch, administratrice de la Pause Chocolat Thé, nous confie aussi qu’elle voulait réussir sa vie de femme, de couple, de mère.

La famille, les amis : ces piliers indispensables

Naturellement, évidemment oserions-nous dire, elles pensent que les femmes sont tout autant faites pour entreprendre, ou faire de la politique, que les hommes. Même si certaines ont parfois encore vécu des problèmes de vision de la société, et même si cela évolue. « Les femmes doivent prendre leur place sans complexe », nous glisse Joëlle Denis, CEO de Humanpharma. En tout cas, pour « nos » femmes, l’entrepreneuriat n’est pas une question de genre, clairement. L’envie et la passion semblent se profiler comme les critères déterminants avant toute autre question. Charline Burg, directrice aux Pompes Funèbres Burg, pense par ailleurs que sa génération et les suivantes seront des générations de femmes indépendantes, ayant soif d’entreprendre et de développer leur propre business.

« L’entrepreneuriat n’est pas pour moi une question de genre. Il s’agit surtout d’agilité et de prise de responsabilité », confie Caroline Stecker des établissements Stecker.

« Les études le démontrent aujourd’hui : des entreprises managées par des femmes obtiennent couramment de meilleurs résultats ! Je pense que les femmes ont souvent une autre approche des choses. Concrètement, en-dehors du QI, il semble qu’elles fassent généralement montre d’un QE mieux développé ! », ajoute Gretel Schrijvers, CEO du groupe Mensura.

« Ce n’est pas le genre qui importe, c’est le caractère. Il faut être entrepreneur dans l’âme, savoir écouter, participer, rencontrer mais, surtout, être capable de se remettre en question, savoir aussi rebondir face à des situations difficiles », clôt Caroline Houyoux, aministratrice de l’hôtel-restaurant-spa du Quartier Latin, sur le sujet.

Pas de grain de sable dans l’engrenage ou de frein à l’entrepreneuriat féminin, alors ?

Il semble que si, parfois. Et c’est peut-être là qu’il y a matière à réflexion. « Une femme se pose souvent mille questions avant de se lancer dans un défi professionnel », analyse Gretel Schrijvers. L’incertitude de posséder les bonnes compétences et la peur de ne pas être à la hauteur ont été, chez certaines de nos répondantes, pas toutes quand même un frein à leur carrière. Qu’elles ont pu lever, notamment grâce à leur famille, mais aussi en s’appuyant sur d’autres compétences, en dénichant les bonnes personnes pour obtenir les bons conseils, en s’entourant dans les différents domaines nécessaires à leur activité. 

« L’inquiétude de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir toutes les compétences nécessaires : gestion des finances, de la comptabilité, du personnel, et bien d’autres cordes qu’il faut avoir à son arc, peut être un frein… », estime Aline Stecker.

« Bien s’entourer dans les différents domaines afin d’assurer la réussite de son entreprise (CCI, secrétariat social de qualité, comptable…) est une nécessité car le gérant d’aujourd’hui doit avoir de nombreuses connaissances/compétences », souffle encore Charline Burg.

Equilibre vie privée-vie professionnelle : un vrai problème ?

C’est LA question bateau. Le thème sempiternel des articles sur le sujet. Mais est-ce un vrai problème dans les faits pour nos interviewées ? Pas vraiment. Moyennant quelques conditions… Pouvoir s’appuyer sur son conjoint et partager les tâches, bien s’organiser et s’entourer de personnes qui ont les mêmes valeurs (tant sur le plan professionnel que privé), apprendre à déléguer – sans abandonner ! – sur les deux plans, sont autant de conseils basés sur le vécu de nos entrepreneuses. Bien sûr, il faut que l’entourage comprenne et supporte, parce que « les prestations d’un entrepreneur sont plus énergivores que la normale. On est constamment, en pensée au moins, avec les business », nous explique Caroline Houyoux. Comme nous l’avons compris d’entrée de jeu, la famille est clé ! Et sans doute derrière, la place accordée à la discussion, y compris avec les enfants, est une donnée capitale.

Leurs conseils à celles qui voudraient se lancer dans l’entrepreneuriat, la politique, ou encore un métier atypique…

Lancez-vous ! Essayez. Ce n’est pas grave si on ne réussit pas du premier coup… nous lance une première entrepreneure. D’autres suggèrent de vivre son métier comme une passion et s’amuser en travaillant… ou encore de se démarquer, ne pas faire comme les autres et d’en être fière. Bref, OSER pourrait-on résumer ! Enfin, certaines insistent aussi sur l’importance de prendre soin de soi, de se respecter… 

« Mes conseils : intégrité, être alignée ! Et se ressourcer, se respecter : afin de bien faire notre travail, nous devons également prendre soin de nous-mêmes. Exercer un métier qui a du sens pour vous et le réaliser avec le sens qui vous appartient », résume Florence Coppin, responsable de l’Espace médical de la Femme à Libramont.

« Ne pas craindre de s’informer, rester en alerte (notamment au niveau technologique » et toujours resté connecté au terrain pour s’adapter rapidement. Ne pas oublier le management, qui est la clé de beaucoup de succès. Veiller à son bien-être et son équilibre personnel pour s’épanouir, et donc permettre à chacun de s’épanouir dans l’entreprise », ajoute Joëlle Denis.

« Si c’est votre passion, foncez, n’attendez plus ! Ecoutez-vous, avec un peu de raison mais surtout beaucoup de fougue ! Vous pouvez y arriver. Croyez en vous pour que les autres y croient ! », annonce Stéphanie Bosch.

En conclusion

Il y a des constantes parmi nos femmes-témoins : la passion, l’enthousiasme, la prise de risques ; cette volonté d’entreprendre depuis longtemps (toujours), aussi. Et le soutien répété de leurs conjoints, familles, amis ou même collègues, élément-clé de leur parcours. Mais il y a parfois aussi des différences. Entre celles qui se sont aventurées ailleurs avant d’entreprendre ou rejoindre l’affaire familiale et celles qui se sont lancées immédiatement. Entre celles qui appartiennent au monde scientifique et celles qui se sentent avant tout créatives. Entre celles qui ont tracé leur route sans crainte et celles qui ont parfois douté. Parce qu’elles étaient des femmes ? Peut-être. Ou peut-être pas. Notre intention n’était pas ici de dresser au travers de quelques interviews des conclusions sociologiques qui ne nous appartiennent pas. Mais plutôt, nous l’avons annoncé d’entrée de jeu, d’inspirer. Et de montrer qu’il n’y a pas une voie, une façon de réussir. Mais des chemins différents, fonction de notre histoire et de ceux qui nous entourent. Pour autant qu’on ose…

Stéphanie Wanlin et Anne-Michèle Barbette

Pour la Chambre de Commerce et d’Industrie du Luxembourg belge